2023, patchwork de tissus divers, Photo de Romain Gamba

Le titre de cet objet, Snatchwork, renvoie évidemment à la technique utilisée, le patchwork, qui consiste à faire des ouvrages composés de nombreux morceaux de tissu souvent récupérés. Considéré comme une activité ou un passe-temps féminins, le travail de l’aiguille et du fil est associé à l’univers domestique auquel une grande majorité de femmes ont été assignées pendant des siècles. C’est l’ambivalence de ce médium, à la fois symbole d’exclusion et de savoir-faire spécifiquement féminin, que de nombreuses artistes-femmes ont imposé sur la scène des avant-gardes au cours du XXe siècle et jusqu’à nos jours encore comme Faith Ringgold et ses patchwork-story. Pour elle, son art est une matérialisation visuelle de qui elle est.

Le hamac, un objet qui engage le corps, peut également évoquer un exotisme tropical mais c’est surtout le symbole d’un temps qui est nécessaire mais qui peut malheureusement s’avérer parfois être un luxe : le repos.

Snatchwork comprend les mots snatch : voler, chaparder, et work : travail. En effet, le repos peut-être un temps qu’il faut savoir saisir, s’octroyer, et il peut aussi s’agir d’un travail, un travail qui permet de développer, construire, naître.  Car dans le repos du corps prend place un travail intérieur, une gestation ; le corps est à naître, mais dans une naissance continue, perpétuelle. Une construction.

Le corps est donc un espace habité mais qui n’apparaît pas par lui-même : il est à naître, puis une fois né, doit perpétuellement se recueillir pour digérer le temps passé et grandir ou évoluer, changer.