J’avais parlé d’intrication (avec Intrication 1), de théorie de la ligne droite et de la ligne serpentine, qui servit notamment dans l’art des jardins. Mais l’intrication dans le monde végétal, ce n’est pas ces jardins bien taillés aux formes géométriques, ce sont les végétaux qui dans la nature se mêlent librement, qui ont le droit d’aller dans tous les sens, le droit d’exister, tout simplement. Même les extra-terrestres bénéficient dans l’imaginaire collectif d’une apparence anthropomorphe, contrairement au groupe des végétaux, même si la perception que nous avons d’eux évolue depuis quelques années.
L’organisme végétal, par sa nature immobile, muette, sa vie et son corps complètement différents des nôtres a longtemps uniquement été l’objet d’exploitation, d’extermination ou de marchandisation selon l’espèce, sans que l’on se pose trop de questions. L’humain a donc drastiquement changé la trajectoire de beaucoup de ces espèces, intentionnellement ou non, en interagissant avec les territoires.
Ici j’ai choisi 6 plantes présentes sur le sol lorrain, dont 2 endémiques (la Salicorne de Vic et l’ibéris de viollet), une commune, une exotique, et deux invasives. Remarquons que tous ces termes sont des jugements humains sur des organismes qui ne se considèrent probablement pas exotique ou commun eux-mêmes ou entre eux. C’est pourquoi je les ai modelés et fixés sur un même plan, une même surface. Ensuite, cette surface à relief devient un outil, un point de départ d’un geste qui consiste à transposer le dessin du relief sur une feuille en frottant un crayon par-dessus. Chacun et chacune est libre d’interagir avec la surface (ou pas) comme il ou elle le souhaite, créant une composition unique.
Ici ce n’est donc ni l’outil, la surface la feuille ou le crayon qui fait œuvre, mais l’interaction avec lui, le geste participatif et collectif.