Historiquement, on a souvent utilisé un champ lexical commun à celui du territoire pour parler du corps de la femme : découvrir, conquérir. Cette place du corps individuel dans le corps social peut souvent être étudiée à travers les mots, le langage qu’on utilise. « Qu’est-ce qu’un corps ? Le corps des femmes a toujours été un champ de bataille qu’il faut contrôler et discipliner et, si cela n’est pas possible, le violer, le torturer, le tuer. Il est un espace qui se déploie, se dilate et se contracte au gré des événements et des jours, se modelant, se déformant, se recréant dans la rencontre avec les autres. » (Mara Montanaro, Théories féministes voyageuses, Paris, Les Éditions de la Rue Dorion, 2023, Chapitre 3)
Des mots choisis pouvant parler du corps et du territoire à la fois interagissent avec le corps individuel réel. « Pourquoi le corps ? Il est évident que c’est dans le rapport que nous entretenons avec notre corps, dans la manière dont est structurée sa relation à l’autre, que s’enracine et se perpétue le système d’oppression et d’exploitation dont notamment les corps des femmes, les corps féminisés et tous les corps dissidents sont les victimes » (Ibid, 2023). L’effet de ces mots, lorsqu’ils sont imprimés sur un tissu à la manière d’un motif décoratif, propose le corps comme point de départ de l’identité. Le mot et le concept de territoire sont ambigus en géographie et en géopolitique, mais entre toutes les définitions, le point commun demeure l’idée d’un espace habité. Le corps, en plus d’un espace habité, devient au fil du temps un enchevêtrement d’affects et de paroles.